Auteur ? Autrice ?

Il est parfois difficile d'appréhender cette question aux multiples réponses. Aussi, il nous a semblé important d'aborder la question "Qu'est-ce qu'un auteur/une autrice ?" de façon chorale. A travers le prisme de leurs expériences diverses et différentes, Serenya, Codan, Lilitor, Rose P. Katell, Aislune S., Beatrice Aubeterre, Velanebleue et L. Williams (et Pandallyster, réponse en partie 2) ont répondu selon leur vérité. 

Retrouvez ci-dessous les différentes voix autour du mot "Auteur/autrice", ainsi que quelques ressources qui peuvent vous aiguiller dans la pratique de l'écriture. 

Qu’est-ce qu’un « auteur » / « autrice » ?

Serenya - Puisque qu'on est sur l'Allée, on va rester dans le domaine "littérature" pour la définition. Du coup : quelqu'un qui écrit ?

Codan - Être auteur, c'est plus qu'écrire (pour ça, on a écrivain). Pour moi c'est créer, avoir un projet (un livre est un beau projet !)

Lilitor - Dans mon adolescence j'ai beaucoup entendu dire qu'un·e Breton·ne c'est quelqu'un qui a décidé de l'être. Je crois qu'être auteur ou autrice c'est pareil. On le devient en voulant l'être.
Après, c'est sûr que si on prétend l'être sans avoir rien terminé, même pas une nouvelle, c'est plus compliqué à faire avaler à la personne qui nous fait face ^^

Rose - J’applique personnellement la définition du dictionnaire Larousse : « Créateur d’une œuvre didactique, littéraire, artistique, etc. »
En écriture, un auteur/autrice est donc, à mon sens, une personne qui veut créer une œuvre littéraire et s’y emploie.

Aislune - Si l’on se cantonne au domaine de la littérature (puisque l’on peut être auteur de toute création en règle générale), unæ auteurice, c’est quelqu’un qui écrit. Je pense que là-dessus, tout le monde peut se mettre d’accord.
Quant à la définition de ce qu’est « écrire », c’est une autre histoire… Certaines personnes cyniques pourraient arguer que « Ouais, bon, écrire des lignes/par-dessus la jambe/des cours, ça suffit pour se définir auteurice », mais il est évident que non… Donc, être auteurice, c’est écrire des histoires, point. Le débat du mauvais/médiocre/bon n’a rien à faire ici.

Beatrice Aubeterre - "Auteur" est un mot qui implique une réalité très vaste, bien plus vaste qu’« écrivain/ne » : même si le mot est surtout employé dans le domaine du livre, on peut être auteur d’une œuvre écrite, mais aussi cinématographique, musicale, graphique… Le terme d’auteur est pour moi intimement lié à deux concepts essentiels : celui de création, mais aussi celui de message. C’est quelqu’un qui met en œuvre son imagination, mais qui a aussi des choses à exprimer, même quand il ne raconte pas une histoire en tant telle.

Velanebleue - Est auteur/autrice celui ou celle qui créée, peu importe qu'il s'agisse d'écriture, de peinture, de musique, voire même d'innovation technologique, quoique le terme n'est peut-être pas très approprié. À partir du moment où l'on crée, on est auteur/autrice.

L. Williams - Je crois qu’unæ auteurice est avant tout une personne qui écrit ; de la fiction comme de la non-fiction. Et que cela suffit pour prétendre l’être.

A partir de quand peut-on se "prétendre" auteur/trice ?

Serenya - Je n'aime pas le verbe "prétendre" ici, parce que pour le coup je crois bien que je n'arriverai jamais à me prétendre autrice XD Mais si on suit la définition (très sommaire) juste au dessus : est auteur/autrice celui/celle qui écrit, point.

Codan - Oulà... à partir du moment où l'on est capable de se tenir à ses objectifs afin d'avancer son projet ? Quand on est capable de faire des sacrifices sur une idée qui arrive pour son concentrer sur celle qui est son projet actuel ?

Rose - Toujours pour moi : dès l’instant où on commence à écrire sa première histoire.

Aislune - Certaines personnes font la distinction entre « auteurice » et « métier d’écrivain », le second terme enrobant une certaine dimension professionnelle (rémunération, validation par une Maison d’Édition…). Cependant, il y a des personnes qui, bien qu’entrant dans la 2ème catégorie, continuent de se définir comme étant auteurices… Sinon, pour en revenir à la question première, on peut se prétendre auteurice à partir du moment où notre but est d’écrire des histoires, courtes ou longues. Après, écrire ne veut pas forcément dire « raconter » – quand on raconte une histoire, il y a la dimension orale. Est-ce que pour se prétendre auteurice, il faut publier ? Je dirais que non, mais peu de personnes écrivent vraiment pour elles, sans montrer leurs écrits, sans les partager.
Je tiens à préciser qu’il faut tout de même une certaine « régularité » dans l’écriture (en englobant dedans les recherches, les phases où l’on réfléchit à l’histoire dans sa tête…), mais ce n’est pas parce que l’on écrit pas 1000 mots par jour/par semaine que nous ne sommes pas auteurices. En revanche, si une personne n’a écrit que quelques fois, sans vraiment s’impliquer, je pense que ce n’est pas unæ auteurice. Vous voyez où je veux en venir ?

Beatrice - Je préférerais dire « se déclarer auteur » voir « se sentir auteur », parce que « prétendre » donne l’impression que ce terme est usurpé. Actuellement, la valeur juridique et professionnelle liée à ce mot provoque bien souvent un syndrome de l’imposteur chez les débutants et les amateurs, alors qu’on est techniquement auteur dès qu’on entame l'écriture d'une œuvre ; le fait de livrer cette œuvre au regard des autres à travers la publication, quel que soit son support, représente un tournant grâce auquel on entre de plain-pied dans ce rôle aux yeux du monde et donc à ses propres yeux.

Velanebleue - J'ai répondu à cette question sans le vouloir dans ma réponse précédente, mais l'on est auteur/trice lorsqu'on créé, peu importe le niveau, peu importent le recul ou les années d'expérience.

Faut-il se former ? Suivre des méthodes ou conseils ?

Serenya - Ah, ahah... La fameuse question ! Je vais reprendre l'exemple que je prends toujours : à ses débuts, un illustrateur apprendra à gérer les outils, la lumière, les volumes, les perspectives, puis il expérimentera différentes techniques pour trouver ce qui lui plait, ce qui lui parle, ce qui est pour lui plus facile à utiliser. Mais ça ne viendrait jamais à l'idée de quelqu'un de tomber sur un illu qui bosse à l'aquarelle pour lui dire que c'est une sombre merde et qu'il doit ABSOLUMENT travailler en numérique. Alors pourquoi il y a toujours tant d'auteurs/autrices qui crachent sur leurs confrères/consœurs en martelant que LEUR méthode est la seule et unique, et surtout THE remède miracle ? La base de l'écriture, on l'a tous apprise à l'école. On a appris à gérer les temps, les modes de narration... On a exploré mille et une manière de raconter à travers tous les livres lus. Alors non, il ne "faut" pas suivre une méthode précise. Si certains y trouvent leur bonheur, tant mieux ! Mais le plus important est d'expérimenter pour trouver sa propre manière de fonctionner.

Codan - Suivre les conseils à la lettre, non, mais en tout cas se former pour se rendre compte de ses difficultés et les résoudre, oui. Et puis, dans tous les métiers, il faut se former.

Lilitor - Oui, il faut se former ! Sur la narrativité évidemment, ça commence à devenir courant même en France. Mais aussi sur la langue. Avoir une bonne structure gâchée par un vocabulaire maladroit, c'est aussi dommage qu'une belle plume qui ne raconte rien d'enthousiasmant. Des méthodes, il faut en tester plusieurs pour trouver celle·s qui nous convien·nent le mieux. D'ailleurs ça peut varier dans le temps.

Rose - Je crois qu’on se forme continuellement lorsqu’on choisit d’écrire. Déjà parce qu’on apprend de ses erreurs et qu’on s’améliore en pratiquant, ensuite parce qu’on cherche souvent à se rapprocher d’autres auteurs/autrices durant son parcours et qu’on apprend d’eux.
Quant aux conseils, je suis d’avis qu’il est sage de les écouter, mais qu’il ne faut pas pour autant les prendre au pied de la lettre ou essayer de tous les appliquer d’un coup. Chaque auteur/autrice et chaque parcours est unique.
Quelques pistes intéressante : la newsletter de Cécile Duquenne, le blog de Catherine Loiseau, celui de Julien Hirt, le livre Comment polir son roman pour en faire un diamant de Ghaan Ima, etc.

Aislune - « Faut-il »… Chaque personne est libre de ses choix. En fait, la question ne devrait pas être « Faut-il » ou « Doit-on », mais « Peut-on ». Donc, se former, suivre des méthodes ou conseils, nous pouvons le faire sans souci. Ou ne pas le faire. De mon côté, je me forme, je teste des méthodes ou conseils, parce que j’ai envie d’apprendre, parce que j’ai besoin de forger mes propres outils pour évoluer en tant qu’autrice, mais également bêta-lectrice et correctrice.
Le but n’est pas de tout appliquer à la lettre (ce n’est pas possible), mais de mieux connaître les mécanismes de l’écriture, mieux se connaître soi-même (et mieux se trouver aussi)

Beatrice - C’est très difficile de répondre à cette question, car cela dépend vraiment des personnes. Il existe malgré tout deux formations incontournables. La première est l’apprentissage scolaire du français : même s’il peut paraître ennuyeux, il demeure essentiel, car il donne les outils par lesquels on va pouvoir s’exprimer : grammaire, orthographe, vocabulaire, figures de style sont les petites briques essentielles pour poser les fondations d’une œuvre. Ensuite, il y a la lecture des autres, qui permet d’enrichir et d’étoffer ses bases. La suite appartient à chacun. Certains vont avoir besoin de méthodes pour se structurer et trouver leur voie, tandis que pour d’autres, elles vont sembler rédhibitoires et emprisonner leur créativité. Les conseils peuvent être utiles, surtout quand on débute afin d’éviter des erreurs très répandues, mais une fois qu’on a acquis de l’expérience, il faut savoir les remettre en cause et même s’en détourner ; ils ne doivent jamais faire figure de dogme.

Velanebleue - En ce qui me concerne, je pense qu'il est essentiel de se former et de s'instruire, notamment si l'on a pour ambition de publier (que se soit sur Internet, à compte d'auteur ou à compte d'éditeur). Comme pour n'importe quelle discipline, l'écriture demande de la rigueur, de la méthode, beaucoup de travail et de persévérance. L'écriture, quand bien même il s'agirait d'une forme d'art, nécessite de la technique. Technique que l'on acquiert en lisant, mais également en pratiquant et en s'intéressant à la théorie. Pour ma part, je m'aide du blog de Stéphane Arnier, et je suis assidument les masterclass de Cécile Duquenne. L'Anatomie du Scénario, de John Truby, et La dramaturgie, d'Yves Lavandier, sont quasiment mes livres de chevet. Je regarde aussi trois chaînes YouTube dont je ne rate presque aucune vidéo : celle de Tata Nexua, celle de Christelle Lebailly et celle de Margot Dessenne.

L. Williams - Il me semble que rien ne doit jamais être obligatoire dans la pratique de l’écriture, à moins peut-être de vouloir en faire un métier stable. Au fond, je crois qu’il faut surtout réussir à déterminer ce que l’on veut faire de ses écrits : les publier ? où ? comment ? améliorer son style, sa technique, sa connaissances des outils scénaristiques ? à quel point ? Parce qu’on n’attendra pas forcément la même chose de soi-même selon le but visé.

RESSOURCES 

- Le Fictiologue : https://julienhirtauteur.com/
- Stéphane Arnier : https://arnierblog.wordpress.com/
- Mécanisme d'histoire : https://www.mecanismes-dhistoires.fr/
- Bêta lecture and co : https://beta-lecture-and-co.fr/blog/
- Cyril Destoky : https://cyrildestokyauteur.com/blog/
- A mots amours : https://www.instagram.com/amotsamours/
- A propos d’écriture : https://www.aproposdecriture.com/
- L’engrais littéraire : http://lengraislitteraire.blogspot.com/
- Monde fantasy : http://www.monde-fantasy.com/
- Projet Voltaire : https://www.projet-voltaire.fr/ (ce site propose des formations payantes, mais aussi des ressources gratuites).
- Le dictionnaire des synonymes de CRISCO : https://crisco2.unicaen.fr/des/synonymes/n%c3%a9anmoins
- Le langage dans la communauté LGBTQIA+ (quand on désire se renseigner sur les minorités, sur l’écriture inclusive, l’accord neutre : https://lavieenqueer.wordpress.com/2018/07/26/le-langage-dans-la-communaute-non-binaire-2017/
- Ressources sur l’écriture inclusive et le neutre : https://divergenres.org/regles-de-grammaire-neutre-et-inclusive
- Le Souffle Numérique (qui propose aussi des prestations payantes en tant que correcteur par exemple ) : https://lesoufflenumerique.com
- Les ressources pour auteurs de Coralie Raphaël : https://coralieraphael.com/ressources-pour-auteurs/
- The Write Practice (anglais) : https://thewritepractice.com/
- Eva Deverell (anglais) : http://eadeverell.com/

Vidéos et podcasts :
- La chaîne Youtube Les Contes de Clefs : https://www.youtube.com/channel/UCC1ko6dDNtVdc05l5q7giUw
- La chaîne Youtube de Tata Nexua : https://www.youtube.com/channel/UCu5DK-Y0YbeAzO3gj7VvybA
- La chaîne Youtube de Christelle Lebailly : https://www.youtube.com/channel/UCYjY8Dkt72SDG8UYztwVcMw
- La chaîne Youtube de Samantha Bailly : https://www.youtube.com/channel/UCsuzKpH4ha63PYuPXgCZ2PA
- Les podcasts d’Aude Réco : https://audereco.com/creactivite-podcast
- Les podcasts de Hurler sans bruit : https://hurlersansbruit.com/
- Procratisnation : https://lioneldavoust.com/procrastination-podcast-sur-lecriture-en-quinze-minutes

Ouvrages :
- Écriture, Mémoires d’un métier de Stephen King
- Comment bien raconter des histoires ? de Morgane Stankiewiez/Dorian Lake
- L’anatomie du scénario, de John Truby
- Personnages et points de vue, de Orson Scott Card
- La Dramaturgie, de Yves Lavandier

Formations payantes :
- Les Masterclass de Cécile Duquenne : https://www.savoir-ecrire.fr/
- L’Accompagnement Littéraire de Noir d’Absinthe : https://accompagnement-litteraire-noirdabsinthe.com/p-L_Accompagnement
- L’accompagnement vers l’édition de Bleuenn Guillou, éditrice indépendante : https://bleuennguillou.fr/
- Les ateliers de Samantha Bailly : http://www.samantha-bailly.com/ateliers-decriture
- Les ateliers et formations de Tiphaine Levillain : https://suis-lelan.fr/
- Les formations de Christelle Lebailly : https://www.christellelebaillyauteur.com/
- L'Académie du Chat Lettré, de Maria Amini : https://www.lechatlettre.com/