Rencontre avec... Béatrice Aubeterre
Dans le cadre du Festival du Hobbit sur le thème de la Fantasy, chaque dimanche nous donnons la parole à un auteur ou une autrice.
Aujourd'hui, nous rencontrons Béatrice Aubeterre.
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Qui es-tu, depuis quand écris-tu et quels sont tes projets ?
Béatrice Aubeterre, alias Béa. Archiviste de profession, je suis passionnée de chant, de jeu de rôle et de loisirs créatifs, lectrice de l’imaginaire depuis quelques décennies. Après de nombreuses tentatives, je me suis enfin plongée dans l’écriture en 2010 (et j’arpente l’Allée depuis presque aussi longtemps).
J’ai beaucoup de projets, tous plus ou moins dans la sphère de l’imaginaire, que ce soit fantasy, science-fiction ou fantastique. Parmi eux, certains appartiennent à la fantasy pure, comme la saga jeunesse Light and Dark Erastria, qui se déroule dans un univers magique avec des inspirations victoriennes, et Enfants du Ciel, un récit basé sur le concept des anges gardiens et qui prend place au sommet de vastes chaînes de montagnes. D’autres histoires s’y apparentent sans en être vraiment : le Premier Cercle et la Nef Blanche, qui se déroulent dans un univers d’inspiration Regency/Premier Empire, avec des îles et des bateaux qui volent, mais qui relèvent en fait du Planet opera.
Comment définis-tu la fantasy ?
La fantasy s’est beaucoup diversifiée au fil des années, et il devient de plus en plus compliqué de la définir d’une façon à la fois souple et précise. On va dire que pour moi, la fantasy obéit à deux critères essentiels :
— l’action se passe dans un monde dit “secondaire”, distinct du nôtre : la terre du milieu de Tolkien, par exemple ;
— le niveau technologique de cet univers est moins avancé que le nôtre, ou il se caractérise par un contexte d’inspiration historique.
Pour moi, la magie n’est pas un prérequis d’un univers de fantasy. Elle peut être inexistante, ou encore prendre la forme d’une science étrange obéissant à des lois physiques différentes.
Comment es-tu tombée dans la fantasy ?
Quand j’étais en 3e, ma prof de Français nous avait transmis une liste de lecture pour d’éventuels exposés. Même si je n’avais pas retenu Le Seigneur des Anneaux comme base de travail, je l’ai tout de même lu par curiosité ! Parallèlement, j’ai découvert les livres d’heroic fantasy/sword and sorcery de l’autrice britannique Tanith Lee. À partir de là, j'ai picoré le peu qu'on pouvait alors trouver en français.
Cependant, c’est en commençant à lire en anglais que j’ai eu accès à tout un panel d’œuvres non traduites (du moins à l’époque), avec notamment des auteurs comme David Eddings, Ray Feist, Terry Brooks et bien d’autres… Sans oublier mes premiers pas en jeu de rôle qui m’ont également ouvert la porte de ce type d’univers. Par curiosité, je me suis aussi beaucoup documentée sur l’histoire de ce genre.
Qu’est-ce qui te plaît dans la fantasy ?
Avant toute chose, le sentiment d’évasion qu’elle procure : j’ai toujours aimé les récits d’aventure et historiques. La fantasy procure le même type de dépaysement, sauf qu’il n’est pas restreint par les contraintes de la réalité historique ou des lois physiques de notre monde. Elle offre le pouvoir de dépasser les limites un peu figées de notre terre qui ne réserve plus vraiment de surprises, en permettant d’explorer des contrées inconnues. On peut modeler de nouveaux paysages, créer des peuples, mais aussi revisiter les lois du monde d’une façon très stimulante et ludique !
Qu’est-ce que tu trouves difficile dans l’écriture de la fantasy ?
Je dirais qu’il est souvent compliqué de doser le degré d’information que l’on doit fournir pour que le monde soit compréhensible sans pour autant assommer les lectrices et lecteurs ! Dans un univers de fantasy, les descriptions et l’exposition du contexte sont primordiales, plus encore que dans les autres types de littérature, mais il faut donc pouvoir les glisser aux moments où elles importent, sans se laisser aller à de longues digressions.
À l’inverse, qu’est-ce que tu trouves simple ?
Bâtir des univers. Contrairement au fantastique ou à la SF, où l’on peut se retrouver vite bridé par les contraintes historiques et scientifiques, on dispose d’une bien plus grande liberté, à partir du moment où l’on reste cohérent avec le monde.
Où puises-tu ton inspiration pour tes différents univers ?
C’est une question qui me semble de plus en plus difficile à cerner : j’en suis arrivé à un point où souvent, je ne repère plus exactement d’où peut me venir telle ou telle inspiration. Malgré tout, je pense que l’inspiration historique reste très importante, car elle permet de donner des bases crédibles à un univers. Sinon, il y a bien sûr les différents médias : cinéma, BD et manga, livres… mais aussi les illustrations que je peux trouver çà et là sur internet et la musique, surtout au stade de l’écriture.
Comment travailles-tu tes univers en fantasy ?
Travailler est un bien grand mot. En général, je pars plus des personnages et du récit pour bâtir l’univers autour d’eux, de façon globale pour commencer. Même si cela a pu m’arriver, je ne travaille pas à l’univers en amont et je crée ou affine les éléments au moment où j’en éprouve le besoin dans le fil de l’histoire. Malgré tout, je garde en tête une vision générale qui me permet de conserver la cohérence du monde.
Selon toi, quel élément incontournable doit se retrouver dans une œuvre de fantasy ?
Elle doit se dérouler dans un monde secondaire. Pour moi, des genres comme l’urban fantasy ou des histoires comme Harry Potter n’appartiennent pas vraiment à la fantasy, même s’il existe un langage commun (magie, créatures mythiques…).
Pour finir, que dirais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’écriture en fantasy ?
D’apporter toute son attention à la cohérence interne de l’univers et de jamais perdre de vue les éléments les plus pragmatiques, même si les aspects magiques et exotiques sont plus séduisants ! Un univers de fantasy doit rester un lieu qui conserve une logique propre, où des personnages vivent au quotidien !