Après un printemps qui ne nous a épargné ni fraîcheur, ni humidité, les beaux jours pointent enfin leur nez… et avec eux l’envie de quitter notre siège d’ordinateur ou de lever les yeux de nos cahiers. La pluie semblait propice à l’inspiration, en nous retenant à l’intérieur et en nous offrant cette touche de mélancolie sur laquelle nous aimons tant jouer. On pourrait penser que le soleil, au contraire, se pose en ennemi de nos activités littéraires, en nous ôtant tout désir de nous atteler à la tâche parfois ardue de travailler à nos histoires (ou de préparer les examens pour celles et ceux qui sont encore étudiants).

J’ai longtemps fait partie de ces autrices et auteurs prisonniers de l’idée qu’il fallait écrire tous les jours un quota de mots donné, quelles que soient les circonstances. Plusieurs passages à vide m’ont appris qu’il n’y avait rien d’honteux à lâcher prise, mais aussi qu’écrire, ce n’était pas seulement coucher des mots sur du papier ou un écran. Ne vous sentez pas coupable si vous désertez vos manuscrits et tapuscrits. C’est même indispensable pour que l’écriture demeure un plaisir et non une contrainte – même si un petit effort de volonté reste indispensable.

Puisqu’il est désormais plus facile de sortir, c’est le moment de découvrir de nouveaux lieux, où l’on n’aurait pas forcément l’envie ni l’idée de se rendre. Ce n’est pas la peine de partir à l’autre bout du monde pour visiter des endroits insolites ou évocateurs, il en existe sans doute tout près de chez vous : un jardin exotique, un monument inattendu, une bâtisse abandonnée, des ruines mystérieuses, un quartier hors du temps, un chemin à travers champs… Lorsque les déplacements étaient contraints à dix kilomètres, j’ai parcouru avec quelques amis certains de ces endroits magiques où je retournerai avec plaisir. Vous trouverez très certainement près de chez vous l’un de ces sites que vous pourrez faire revivre à travers vos pages, sublimé par une pincée d’imagination.

Nous pouvons laisser nos sens en éveil et en nous focaliser sur nos impressions. Pour une fois, prêter attention aux passants autour de nous, à leur allure, leur physionomie… Mais aussi à la façon dont la lumière éclaire les feuilles des arbres et la pierre des bâtiments. Au bruit du vent sur dans la ramure des arbres, au brouhaha des voix, au son du train dans le lointain, au chant des oiseaux. Aux odeurs qui flottent autour de nous. Aux cailloux sous nos semelles, au vent sur notre peau. Notre monde n’est pas que visuel. En se concentrant sur tous ces petits détails, nous pourrons les retranscrire dans nos récits, pour les rendre plus riches et vivants.

Si nous laissons notre imagination vagabonder, au gré de nos promenades ou même du chemin entre notre logis et notre travail (ou lieu d’étude), les trajets deviendront plus agréables. Les idées nouvelles germent parfois plus facilement quand nous sommes en mouvement, aussi vaut-il mieux garder sur soi un carnet et un crayon pour les noter de peur qu’elles ne s’enfuient.

Autant de façons agréables de contribuer à nos travaux littéraires tout en profitant de la vie, même si nous n'avons que peu de temps libre.

Bon mois de juin !

 Edito écrit par Beatrice Aubeterre