Novembre arrive… Les jours raccourcissent, le ciel devient lourd, les premiers froids nous saisissent dès que nous pointons le nez dehors. Les derniers feux de l’automne s’éparpillent aux quatre vents pour laisser derrière eux des branches dénudées qui se tordent vers des nuées plombées. Pour les anciens, cet antépénultième mois de l’année était le « mois noir ». Raison de plus pour écrire au chaud sous dans un plaid (polaire de préférence), avec une bonne tasse de thé, café ou chocolat à portée de la main et la compagnie chaleureuse d’un copain à fourrure pour celles et ceux qui en ont un (voire plusieurs).

Mais revenons sur l’écriture. Puisque les couleurs nous désertent, pourquoi ne pas en inonder nos textes ? Il n’est pas question, bien sûr, de caser toutes les nuances du pentone, mais de créer un univers visuel et vibrant. Dans les descriptions, on oublie bien souvent l’ambiance sonore, les odeurs, les éléments climatiques (sauf s’il pleut à verse et que les protagonistes dépriment…) mais qu’en est-il des couleurs ?

Pour ma part, les aime profondément. Dans mon enfance (et pas seulement…) j’ai passé un temps non négligeable de leur vie à classer mes crayons de couleur dans l’ordre de l’arc-en-ciel, ou un autre plus logique à mes yeux. La couleur reste synonyme de joie, de chaleur, d’enfance, en résumé, de vie, dans un monde où les murs du bureau et de l’appartement arborent le même blanc clinique et où le beige est censé représenter le summum de la classe.

J’aime inonder mes textes de couleurs, même si j’essaye de rester subtile en la matière… Parce qu’une simple nuance peut en dire beaucoup. Par exemple, les couleurs de la nature varient avec les saisons, avec les biotopes et les latitudes. Ce n’est pas pour rien que les mots « forêt » ou « savane » apparaissent dans les nuanciers. Quelques teintes savamment placées en disent autant sur la saison, le climat, le type d’environnement que de longues descriptions. Si les couleurs sont différentes de celles de notre univers familier, avec un ciel rose et des feuilles violettes, elles suffisent à en établir l’étrangeté. De même, chaque type d’univers, de classe sociale, de niveau technologique va privilégier des gammes de couleurs différentes, qui vont s’ajouter à ces myriades de petits détails qui établissent une ambiance et rendent un monde vivant.

Et puis les couleurs nous donnent aussi l’occasion de jouer avec les mots. Au-delà de leurs noms les plus basiques, elles adoptent une myriade d’appellations selon l’époque, le lieu, ou l’esprit de celles et ceux qui en colorent leurs écrits. On peut choisir des appellations un peu surannées (comme ce délicat bleu porcelaine), classique (bleu ciel), académiques (bleu céruléen), proches les unes des autres mais qui ne recouvrent jamais tout à fait la même réalité. Et puis, rien ne nous empêche d’inventer notre propre nuance imagée, du moment qu’elle reste parlante.

Il y aura sans doute encore plus à dire et à écrire sur ce sujet chatoyant ! En espérant que ces quelques paragraphes (que j’espère hauts en couleur) auront su vous inviter à puiser dans votre palette scripturale !