J’ai mis quinze ans, en tout et pour tout, à écrire les trois tomes des Chevaliers Vespéraux. Le premier a été édité en 2022, le second en 2023 et le dernier paraîtra en 2025. “Encore une qui vient nous faire sa pub ni vu ni connu !”, me direz-vous. Eh bien non. Cet édito va bien plus loin que cela. Je vais vous conter, à travers celui-ci, un paradoxe incroyable : je ne sais pas raconter mon roman alors qu’il parle de moi. 

Ça y est ? Je vous ai perdu ? Rassurez-vous, ça va faire sens. Quand j’ai commencé à faire les salons du livre dans le but de vendre mon premier tome, on m’a posé la question : “De quoi ça parle” ? Quelle ne fut pas ma stupeur quand je remarquai ne pas savoir par où commencer ! L’attaque des Ombres ? Le premier chapitre ? Les légendes dont je me suis inspirée ? Croyez-moi, j’en ai raté, des ventes, à me mélanger les pinceaux comme si je n’avais jamais lu une page du bouquin ! Quelle ironie !

Et puis, en avril 2024, je m’ennuie ferme lors d’un énième salon où la fréquentation se résume à trois bénévoles qui se baladent et quelques âmes perdues peu intéressées par les livres peu importe le genre. En milieu d’après-midi, je décide d’attraper mon tome 2 et d’en lire une page au hasard, sans quoi j’allais me resservir un quatrième café (pas une bonne idée)... et sur la page en question, une phrase me frappe : “ Je suis devenu père le jour où j’ai daigné poser les yeux sur lui, où j’ai vu ce qu’il était : un petit être chétif qui n’avait rien demandé et se retrouvait là, dans un monde hostile avec, pour seuls guides, une mère sorcière et un imposteur”. Un imposteur. Un imposteur ! Le mot s’est incrusté sur mes rétines, le temps s’est figé. L’année précédente, j’avais écrit ces mots sans savoir que, deux mois après, on me diagnostiquerait le syndrome de l’imposteur. Ce chapitre, je l’avais écrit pour ma fille. J’avais pensé à elle tout du long. A moi. A nous. Et soudain, la lumière fut. 

Mes livres ne parlent pas seulement d’un monde imaginaire. Il ne parlent pas uniquement de personnages fictifs. Ils parlent aussi de moi. Du parcours de PMA. De l’hypersensibilité. Du manque de confiance en soi. Du sentiment d’imposture… et, au final, mon retour vers le bien-être, l’acceptation de soi et la connaissance de l’autre. 

Si mes livres parlent de moi, les vôtres vous dévoilent aussi. Avec votre voix, votre plume, votre sensibilité, votre raison, votre personnalité, vous laissez un peu de vous dans les univers que vous créez. C’est, je le crois, nos différences, nos divergences et notre unicité qui donne toutes ses couleurs au monde et à nos écrits, alors osez. Osez parler de vous. Personne ne le fera mieux que vous.