Bonjour l’Allée pour ce joli mois de juin !

On se prépare à être sur le perron pour accueillir l’été malgré les masques, la distance de sécurité, le gel hydroalcoolique et toute la panoplie. Ou à le laisser dehors et rester dans son bunker igloo, si vous n’aimez pas la chaleur. Parce que vous avez le choix. En cette période assez compliquée où des injonctions nous tombent de partout, c’est bien de se rappeler qu’on a le choix sur beaucoup de sujets. Comme sur celui de ne pas écrire, même si, apparemment, on a du temps.

Si vous êtes comme moi et comme la majorité de nos concitoyens, le confinement vous a laissé énormément de temps chez vous, à alterner entre la vie de famille (oui, même un chat, un chien ou un furet est une famille, ne venez pas me chercher sur ce terrain-là !) et votre télétravail. Votre frontière s’est effacée et ça peut vous avoir perturbé. Parce que oui, sur le coup, on se dit « cool, je vais rester chez moi, je vais faire des économies d’essence, c’est pas une période facile mais restons positifs ! » mais à la longue…

Si vous êtes comme moi encore une fois, vous traînez sur les réseaux sociaux, un peu plus que d'ordinaire selon une étude récente. Vous les voyez, tous ces gens qui se réjouissent parce qu’ils ont enfin le temps d’écrire ? Oui, si ça se trouve vous étiez comme eux. Au début. Et puis, petit à petit, vous avez abandonné. Votre rythme de vie a été chamboulé. Votre belle routine quotidienne des premières semaines n’est plus qu’un vague souvenir. Et, comme l’écriture passe souvent après tout le reste, vous ne vous êtes plus assis.e à votre bureau ou dans votre fauteuil préféré pour écrire. Pire, vous l’avez regardé d’un mauvais œil et vous l’avez évité. Parce que la culpabilité grossissante vous a dévoré de l’intérieur, jusqu’à vous rendre encore plus malade.

Alors vous savez quoi ? Respirez. Ce n’est pas grave. Le monde vient de vivre quelque chose d’exceptionnel et de jamais vu (ou alors j’ai mal suivi mes cours de fac si j’ai loupé un épisode pareil). Nous avons énormément de pression en ce moment, et le déconfinement n’arrange rien. Ce flou que nous expérimentons aujourd’hui va durer encore, et ça ne sert à rien d’empirer les choses en culpabilisant parce qu’on n’a pas écrit. Malgré le temps que cela nous a donné, il y a des tonnes de choses qui peuvent nous empêcher d’écrire, et l’angoissant bulletin d’informations quotidien est une raison suffisante pour nous faire abandonner la plume (ou le stylo, le clavier, le crayon rose à paillettes). Écrire doit rester quelque chose qui nous fait du bien, pas une injonction.

Vous avez le droit d’en parler aussi. A l’Allée, il y a des tonnes d’endroits où on peut évacuer un peu ce qui nous ronge, échanger avec les copains d’écriture qui sont dans le même état d’esprit, ou qui nous rassurent en nous disant que ce n’est pas grave. L’Allée, c’est aussi ça, un endroit où on partage nos réussites, mais aussi les doutes et les moments où l’on ne trouve plus l’interrupteur. Parce que comme disait un grand homme « Happiness can be found even in the darkest of times, when one only remembers to turn on the light »* et des fois, il faut faire confiance à d’autres pour le faire.

*Albus Percival Wulfric Brian Dumbledore pour les moldus"

Edito écrit par Codan